Cinquième et dernière journée L’ÉNA des enfants
SAMEDI 18 MAI 2019
Journée des Institutions. M. Luc Pénaud et Mme Ileana Guzman ont animé un atelier visant à présenter les Institutions françaises, en France et à l’étranger.
L’atelier a été organisé à l’Alliance française de Gênes en présence de 15 enfants et huit adultes.
À partir de la vision de quelques vidéos de la durée de quelques minutes chacune, Luc Pénaud a d’abord évoqué l’Article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958, en expliquant en détail ce qui signifie être une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Il a donc souligné le rôle primordial de la Constitution parmi les lois et il a expliqué que « La France n’est pas un pays comme les autres. Elle a des responsabilités particulières, héritées de son histoire et des valeurs universelles qu’elle a contribué à forger. » (Jacques Chirac, Déclaration du chef de l’État communiqué par l’Élysée, dimanche 11 mars 2007 ; le même incipit a été repris par Emmanuel Macron dans sa « Lettre aux Français » à l’occasion du Grand Débat National du 2019).
Si, parmi les autres républiques du Monde, la France a sa Constitution et ses valeurs historiques, qui la caractérisent, elle a aussi ses propres symboles nationaux. Luc Pénaud a donc proposé aux enfants de reconnaître les symboles nationaux parmi une collection de « symboles » comprenant le camembert, le champagne, la Tour Eiffel, la baguette, Astérix, le petit-beurre et – bien sûr – la Marianne, la Devise nationale et la Marseillaise. Un bon exercice pour distinguer l’officialité de la popularité.
Au moment de la Marseillaise, les enfants ont chanté – tous seuls – l’hymne national : à cappella, sans la moindre hésitation et sans avoir besoin de directeur. Une interprétation aussi impeccable qu’émouvante. Une bonne démonstration aussi de l’efficacité du travail de préparation qui a été fait pour la commémoration du Centenaire de l’Armistice, aussi que de l’intériorisation personnelle de la part des enfants.
Projection d’une vidéo réalisée par les étudiants des lycées EsaBac Deledda de Gênes et Da Vigo de Chiavari à l’occasion de la cérémonie pour le Centenaire de l’Armistice.
Ensuite, Luc Pénaud a évoqué la Devise nationale, en expliquant que dans l’ampleur du concept « Fraternité » se situent aussi la solidarité et la protection sociale, qui sont deux concrétisations de la fraternité que l’État est appelé à organiser et à gérer.
Si l’État doit « organiser », « protéger » et « gérer » plein de choses, il lui faut un pouvoir exécutif. Ce dernier est composé du chef de l’État (président de la République) et du gouvernement (les différents ministres). Il dirige l’armée, la police qui sont chargées de maintenir la sécurité à l’intérieur de l’État. Le pouvoir exécutif conduit aussi la politique étrangère, c’est-à-dire les relations avec les autres états.
Luc Pénaud a donc dressé la liste des Présidents de la Vème République et a détaillé les attributions du Président (pouvoirs propres et pouvoirs partagés), parmi lesquelles celles de : Représentant de la Nation, Président du Conseil des ministres, Chef des armées.
À l’étranger, le Président de la République, ainsi que le gouvernement – et donc tous les ministères – sont représentés par un Ambassadeur. Ce dernier est chargé des relations économiques, scientifiques, culturelles et militaires entre la France et le pays où il prête son service. Il organise aussi les visites institutionnelles et maintient les rapports d’amitié entre les deux pays.
Les Consuls, quant à eux, sont chargés de recenser et de porter assistance à tous les ressortissants français, dans le respect de la légalité et de l’ordre public local. Ils remplissent également les fonctions de mairie et de notaire pour les expatriés. Ils tiennent l’état-civil, délivrent des pièces d’identité et des passeports à ces ressortissants et des visas aux nationaux ou résidents du pays d’accueil, dressent des actes notariés et organisent les élections. Ils peuvent aussi porter assistance aux ressortissants en cas de difficultés avec les autorités locales, y compris dans le cadre de procédures judiciaires, notamment pour vérifier que le déroulement des procédures est bien respecté. Ils se chargent aussi de l’aide sociale et matérielle.
En Italie, il y a trois Consuls Généraux : l’un à Milan pour l’Italie du nord, un autre à Rome pour l’Italie centrale et un autre à Naples pour l’Italie du sud. Chaque Consul Général peut se faire aider par des Consuls Honoraires et donc M. Pénaud, le Consul Honoraire de France à Gênes, est un collaborateur de M. Rogeau, le Consul Général de France à Milan.
Comme l’expérience joue un rôle central dans l’enseignement de l’ÉNA des enfants, nous avons demandé à Luc Pénaud de nous raconter brièvement son expérience au lendemain du drame de l’effondrement du pont Morandi dans lequel quatre jeunes français avaient trouvé la mort.
Nous avons ensuite parlé du pouvoir législatif : Assemblée Nationale et Sénat, représentation des citoyens, élection directe (le Président de la République, les Députés) et indirecte (les Sénateurs).
Encore l’expérience et la pratique : nous avons demandé aux enfants d’élire leurs représentants. Bureau électoral organisé en bonne et due forme, avec une véritable urne homologuée, des bulletins, des enveloppes, un Président (le Consul), des scrutateurs choisis parmi les non candidats et – bien sûr – des candidats.
Aux candidats nous avons demandé de nous expliquer leur programme politique en une phrase. Voici ce qu’il en est sorti (en ordre de présentation de candidature) :
Costantino (12 ans) : « Sushi et jeux vidéo pour tous ! » ;
Colette (11 ans) : « Crêpes préparées par les parents à la pause » ;
Roberto (14 ans) : « Que la récré soit plus longue » ;
Julie (11 ans) : « Planifier et organiser plus de sorties » ;
Camilla (10 ans) : « Organiser des réunions pour proposer des idées au Bureau de Zenaflam » ;
Sophie (9 ans) : « Plus de sorties » ;
Isabelle (11 ans) : « Plus d’évènements culturels et de spectacles ».
Pause goûter pour mener à bien la campagne électorale. Pendant la pause, les enfants ont gouté un gâteau préparé par la maman de Roberto et Costantino et ont mis en œuvre leurs stratégies d’influence pour gagner les élections.
Nous avons assisté à toute sorte de copinage, commérage, patronage et corruption électorale à faire envie aux politiciens les plus rusés. Nous sommes aussi témoins de quelques bons emplois de la rhétorique et de la persuasion.
Le résultat a été l’élection de Costantino et de Camilla, avec quatre voix chacun (Julie en avait reçus trois ; Colette et Roberto, deux chacun) : une victoire partagée entre la bonne politique (organiser des réunions pour proposer des idées) et la piètre démagogie (sushi et jeux vidéo pour tous). Un signe de notre époque ?
Le Bureau de Zenaflam prend acte des instances des enfants – notamment pour ce qui concerne les sorties –, ainsi que du résultat électoral, qui d’ailleurs représente un bel exemple d’égalité entre garçons et filles. À partir de l’année prochaine, Camilla et Costantino participeront à quelques réunions avec les adultes, qui s’engagent d’ores et déjà à organiser plus de sorties.
La liste des vidéos montrées est la suivante :
- La République
https://education.francetv.fr/matiere/education-civique/premiere/video/la-republique ;
- La Devise Liberté, Égalité, Fraternité
- Vidéo réalisée par les étudiants des lycées EsaBac à l’occasion de la cérémonie pour le Centenaire de l’Armistice.
Après les élections, Ileana Guzman nous a expliqué comment la Diplomatie culturelle est organisée en Italie. Désormais les acronymes SCAC, COCAC et ACPF n’ont plus de secrets pour nos enfants.
Le SCAC, Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France en Italie, est le bureau placé sous l’autorité du Conseiller de coopération et d’action culturelle (COCAC), qui regroupe l’ensemble des fonctions qui contribuent à la coopération avec les institutions culturelles italiennes et à la diffusion de la langue et de la culture françaises en Italie : manifestations artistiques, patrimoine, audiovisuel, coopérations linguistique et universitaire, politique du livre et des nouveaux médias. Il coordonne le réseau de centres et Instituts culturels français en Italie et des établissements scolaires français en Italie.
Un COCAC, Conseiller de COopération et d’Action Culturelle, est un diplomate qui suit des projets d’actions culturelles, souvent en coopération avec le pays où il travaille. Il a donc un rôle aussi bien culturel que politique et économique. Quand il finance des projets culturels en coopération avec les entreprises du pays où il travaille, il joue un rôle culturel et aussi économique et juridique.
La coopération linguistique et éducative du SCAC est implantée du nord au sud de la péninsule autour des quatre Instituts français. Le réseau est coordonné à partir de Rome par l’attaché de coopération éducative et animé par cinq Attachés de Coopération Pour le Français (ACPF) en poste à Milan, Florence, Rome, Naples et Palerme. Mme Guzman est donc l’Attachée en poste à Milan.
La Diplomatie Culturelle compte aussi sur la présence de 36 Alliances françaises réparties sur l’ensemble du territoire, partenaires privilégiés de l’action du réseau pour la diffusion de la langue française en Italie. Mme Carole Fregonara est la Directrice de l’Alliance française de Gênes.
Ileana Guzman a donc expliqué la géographie des compétences des ACPF et a défié les enfants à la reconstruire à travers un jeu de découpage d’une carte politique de l’Italie. Bon travail des enfants qui ont terminé leur boulot très rapidement et correctement.
À la fin du jeu, les enfants, à tour de rôle, ont lu les compétences de l’ACPF et ont pu constater leur extension et complexité. Ileana Guzman, bien entendu, a bien expliqué aux enfants tous les mots difficiles, transformant ce qui aurait pu être une leçon stérile en conversation agréable. Tout le monde a apprécié.
Pour conclure, nous avons parlé de l’EsaBac, car il est probable que beaucoup de nos enfants intègrent des instituts du réseau EsaBac quand ils ou elles termineront le collège. Nous avons donc appris qu’il y a 52 lycées EsaBac en France contre 350 en Italie, dont 17 en Ligurie. Il s’agit d’un dispositif d’enseignement bilingue préparant à la certification à double délivrance : « EsaBac » signifie « Esame di Stato + Baccalauréat ». L’EsaBac demeure un objectif majeur de la politique d’appui à l’enseignement du français dans le système éducatif italien.
Tandis que les « Bac généraux » (L, S, ES) sont déjà assez bien représentés au niveau EsaBac, le prochain défi – qui est à la fois politique et culturel – est celui représenté par la filière technologique.
En conclusion, nous estimons que cet atelier « Institutions » a été très utile, étant donné que la majorité des élèves de Zenaflam sont des binationaux français et que les plus grands d’entre eux deviendront électeurs d’ici quatre ans.
Durant les deux heures de l’atelier, l’attention des enfants n’a jamais baissé, complice l’alternance de chant, vidéo, jeux, interventions. Les animateurs ont quand même fait preuve d’un grand savoir-faire, en favorisant l’interaction avec des questions et des activités pratiques motivantes qui ont permis aux enfants de s’approprier les contenus, ainsi que de faire entendre leur voix.