L’ÉNA DES ENFANTS – Journée de l’humanisme technologique – VISITE DE L’IIT ET ATELIER ROBotique

Journée de l’humanisme technologique. Une visite aux laboratoires de l’Istitituto Italiano di Tecnologia (IIT) de Gênes a été organisée pour les plus grands (8-14 ans) par M. Gabriel Baud-Bovy, tandis que, pour les plus petits (3-7 ans), Mme Linda Battistuzzi a organisé un atelier intitulé « Le robot bien élevé », qui s’est tenu à l’Alliance française de Gênes.

La recherche scientifique touche de fait les aspects les plus divers de nos vies quotidiennes : la façon dont nous communiquons, travaillons, nous déplaçons, nous amusons, etc. Elle influence notre perception du monde, mais également la manière dont nous l’organisons collectivement.

La visite de l’IIT (https://www.iit.it) a vu la participation de quarante personnes, parmi lesquels beaucoup d’enfants, d’adolescents (notre groupe de la webradio était bien représenté) et d’adultes.

L’IIT est une institution scientifique de l’État italien consacrée à la recherche scientifique d’intérêt général susceptible de développement technologique et donc idoine à entraîner des retombées socio-économiques importantes. Il s’agit d’une institution de renommée internationale, dont le siège principal se situe à Gênes et au sein de laquelle travaillent nombre de chercheurs provenant de France et des pays francophones, raison pour laquelle il est possible d’organiser une visite des différents laboratoires en langue française. Nous remarquons l’exceptionnalité d’une visite technique en français organisée en Italie, où la plupart des chercheurs sont anglophones.

Gabriel Baud-Bovy, utilisant un langage très clair et adapté à l’assistance, par le biais de plusieurs exemples et en évoquant des situations pratiques, nous a illustré:

  • L’organisation d’un grand institut, tel que l’IIT, avec 11 centres de recherche en Italie, chacun basé dans une ville universitaire et caractérisé par ses propres spécialisations – la valeur de la spécialisation et de la coopération – la recherche en tant que travail d’équipe entre scientifiques et ingénieurs – la richesse qui dérive de la diversité propre d’un milieu international ;
  • L’organisation du réseau scientifique de l’IIT, étendu à niveau mondial, avec deux laboratoires aux États-Unis, l’un en partenariat avec le Massachussetts Institute of Technology (MIT) et l’autre avec la Harvard University – la dimension internationale de la recherche, la valeur du réseau mondial des centres d’excellence ;
  • L’organisation d’un programme de recherche à l’international – la valeur de la diplomatie scientifique, du brassage des compétences et de la communication de la science. Comme la recherche scientifique est largement fondée sur l’argent public, il est bien que ses applications soient au service de la société. Cependant, comme l’argent public est limité, il faut arriver à convaincre les décideurs à investir dans telle ou telle autre recherche, d’où la valeur de la compétition à garantie de l’excellence des méthodes et des résultats et l’importance de la communication scientifique, vers  les décideurs aussi bien que vers le public – le communicateur scientifique, un métier émergeant ;
  • Les modèles de business de la science appliquée : la recherche financée, le transfert technologique,  la création d’entreprise – startups et spinoffs : le scientifique entrepreneur, un autre métier émergeant ;
  • La valeur des technologies habilitantes et du brassage des technologies en tant que moteur de changement social (un seul exemple : l’internet des objets avec son brassage de technologies habilitantes – à savoir la miniaturisation des circuits électroniques, le développement des puces instrumentées, les batteries de nouvelle génération,  la wi-fi, le GSM mais aussi l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique – et avec sa multiplicité de modes d’emploi, qui vont de l’automation industrielle à l’accompagnement des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer) ;
  • La science « métier pour les filles aussi bien que pour les garçons » – l’équilibre entre les sexes au sein de la communauté scientifique de l’IIT ;
  • Les quatre principaux domaines de recherche de l’IIT, à savoir la robotique, les nanomatériaux, les sciences de la vie et les sciences computationnelles ;
  • Les bases et les enjeux des neurosciences. La manière dont les neurosciences cognitives  vont nous aider à accompagner les personnes handicapées et comment les personnes handicapées et leur accompagnateurs peuvent participer au développement de nouvelles technologies qui leur sont destinées: intégration et ressource précieuse pour la science illustrée à travers l’exemple d’un bracelet sonore pour les aveugles développé à l’IIT qui va permettre aux enfants non-voyants de s’orienter et de jouer en groupe à des jeux de mouvement, comme cache-cache. Récupérer la capacité de jouer en groupe signifie se réapproprier sa propre enfance et jouir de ses propres droits d’enfant (https://www.unicef.fr/article/fete-mondiale-du-jeu-jouer-un-droit-essentiel-des-enfants). Le bracelet a été « co-développé » en appliquant un modèle participatif, c’est-à-dire en intégrant au sein du même groupe de travail des scientifiques, des ingénieurs et des enfants et en organisant des ateliers pour l’évaluation des prototypes visant le perfectionnement du produit final. Des senseurs ont été employés pour s’assurer l’utilisation suffisante du bracelet à la maison (30 minutes d’entraînement par jour) de la part de l’enfant et pour moduler le son en fonction du mouvement. Autrement dit, l’enfant a dû s’adapter au bracelet en s’entraînant, tandis que le bracelet, lui, a été réglé pour l’adapter à l’enfant. Ce projet, qui comporte une valeur sociale évidente, représente un exemple très efficace de brassage entre neurosciences cognitives, réalité augmentée et internet des objets.

La visite a aussi eu un volet pratique et expérientiel (nous rappelons l’expérience directe est un pilier de la philosophie de l’ÉNA des enfants) : les enfants ont visité trois laboratoires :

  • Le laboratoire d’électronique et d’intégration de systèmes (instrumentation, imprimante 3D pour fabriquer des prototypes, etc.) ;
  • Le laboratoire d’apprentissages moteurs et de réhabilitation robotique, où les enfants ont pu interagir avec beaucoup de prototypes et d’instruments, parmi lesquels ceux pour la rééducation tactile et orthopédique
  • Le laboratoire de robotique cognitive et des interactions homme-machine, où les enfants ont interagi avec le robot iCub (http://www.icub.org/) le « robot enfant », application vedette de l’IIT.

Le robot iCub a été illustré par M. Jonas Pierre Gustavo Gonzalez Billandon, un jeune post-doc franco-colombien, qui s’occupe de robotique cognitive.

Commentaires enthousiastes, plein de questions et de remarques intéressantes de la part des enfants, qui ont compris immédiatement comment interagir avec les instruments, les systèmes et le robot. Grand intérêt de la part des adultes, qui – comme prévu – ont été un peu plus timides que leurs enfants.

L’atelier « Le robot bien élevé », conçu pour les plus petits, visait – quant à lui – à faire réfléchir les enfants au sujet de l’éthique dans leur quotidien, pour imaginer ce que donnerait la notion d’éthique appliquée à un robot et donc justement ce que devrait être le robot « bien élevé ».

L’éthique des robots représente un enjeu majeur pour notre société. Les robots cognitifs, ceux de dernière génération, issus des neurosciences, peuvent impacter lourdement sur les comportements humains, induisant certains changements sociaux et culturels, et soulevant des questions en matière de sécurité, de respect de la vie privée et de protection de la dignité humaine (voir, à ce sujet, une importante étude de l’UNESCO : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000253952_fre). Comme nos enfants deviendront adultes dans une société marquée par l’omniprésence des robots, il nous paraît important de leur proposer (malgré leur jeune âge) l’éthique des robots en tant que sujet de réflexion.

L’objectif de l’atelier était de faire participer les enfants (une dizaine) à une discussion guidée sur certains des thèmes fondamentaux de la robotique et sur le rapport entre robotique et éthique.

En partant de questions essentielles (Qu’est-ce qu’un robot ? Quelle forme peut-il avoir ? Que peut-il faire ? À quoi sert-il ?), les enfants ont eu l’opportunité de réfléchir sur les différences entre les robots présents dans les jeux et les dessins animés et, par contre, les robots qui sont présents dans notre quotidien.

La conversation a été accompagnée de la présentation de diapositives et de la vision de quelques vidéos disponibles sur YouTube sur les robots de Softbank Robotics – Nao, Pepper – (https://www.softbankrobotics.com/), Boston Dynamics – Atlas, Spot – (https://www.bostondynamics.com/), IIT  – iCub – (http://www.icub.org/). Quelques réflexions ont également été faites sur le travail accompli avec Pepper dans le cadre du projet H2020 “CARESSES” (http://caressesrobot.org/en/).

Certaines de ces réflexions ont été particulièrement utiles pour encourager les enfants à se demander quelles sont les règles que doit suivre un « robot bien élevé » et qui est la personne qui doit les formuler.

Il a été particulièrement intéressant de remarquer que, malgré leur jeune âge, nos jeunes participants ont été en mesure d’explorer et de formuler des hypothèses sur les sujets affrontés : nous pouvons, à titre d’exemple, citer la proposition d’enseigner un comportement éthiquement approprié aux robots, à travers un modèle tout à fait comparable au « learning  by demonstration » (ce qui d’ailleurs n’est pas trop loin du modèle d’apprentissage que nous proposons pour l’ENA des enfants). 

La dernière partie de l’atelier a été consacrée à la création d’un robot-marionnette, pour permettre aux enfants de jouer avec « leur » robot bien élevé.

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